De retour de la visite du centre de tri des déchets de Toulouse. Je le savais, cette visite me remuerait.
À ce point, je ne pensais pas.
Petit résumé rapide
J’ai découvert comment fonctionne le centre de tri de Toulouse et de son agglomération. Une quantité incroyable de déchets provenant des poubelles à recyclables sont récoltés chaque jour. Leur mission est de trier ces déchets avant de les envoyer vers des centres de recyclage.
J’ai appris que les tout petits déchets (moins de 5cm de diamètre) étaient envoyés directement à l’incinérateur. Que seuls les plastiques des flacons et bouteilles étaient recyclés (ce que je me refusais de croire), que le plus facile à recycler était l’acier, grâce à un gros aimant, ainsi que l’aluminium, ce qui évite quand même quelques exploitations de mines, et que oui, on peut récupérer le carton des briques.
Pour trier autant de déchets avec peu de moyens, il faut être efficace.
Tout ce qui n’est pas facile à trier, hop à l’incinérateur !
Par exemple, les machines reconnaissent très bien les bouteilles en plastique. Vous aimez les écraser pour qu’elles prennent moins de place dans votre bac à recyclage : elles partiront à l’incinérateur si elles ne sont pas reconnues par les machines.
1/5ème des déchets triés va donc être brûlé. Des déchets jetés dans la mauvaise poubelle. Ce qui fait 6 bennes par jour. Et qui coûte 3 fois plus cher que s’ils étaient directement jetés dans la poubelle « normale ».
Un déchet mal trié coûte 3 fois plus cher à incinérer = collecté + trié + renvoyé au centre d’incinération.
La vie d’un déchet au centre de tri
Le hangar de dépôt des déchets avant le tri est donc rempli chaque jour (sauf le week-end) : les camions-benne (60 salariés – nos éboueurs) les déversent là pour qu’ils puissent passer à la moulinette.
Des systèmes ingénieux, mécaniques et humains, sont mis en place pour trier (dans l’ordre) : les gros cartons, les trop petits objets (à incinérer), les trop gros objets (sacs poubelle fermés, à incinérer), l’acier. Puis les déchets « légers » (papiers, plastiques…) et les « lourds » (bouteilles, sprays, autres…) sont séparés.
Pour enfin passer sous les yeux de 60 autres salariés, qui tous les jours voient défiler les poubelles des citoyens écolos de notre belle ville rose. Les équipes se relaient, de 5h du mat à 19h.
A la fin…
…on obtient de belles balles de plastique coloré, transparent ou opaque, d’acier, d’alu, de cartons/papiers. C’est tout bien rangé, pour être envoyé aux centres de recyclage appropriés.
Voilà.
En gros, des gens travaillent à trier les merdes qu’on met dans nos poubelles.
Ouais, ça, on le savait, mais les voir faire, ça pique les yeux.
A côté de ça, il existe des communes « pilote », dans lesquelles on demande aux citoyens de mettre leurs plastiques non recyclables dans la poubelle de tri, pour en avoir un bon stock le jour où on commencera à savoir les recycler.
C’est ça la solution ?
Mettre des rustines sur la mongolfière ?
On marche sur la tête
Et si on prenait le problème à l’envers ? Et si on arrêtait de produire ce plastique, ces emballages, même les cartons (qui sont recyclés gentiment et « facilement »), et qu’on cessait de perdre notre énergie à ça ? Et si on interdisait simplement la production et la commercialisation de ces matières ?
Et si on consacrait nos vies à construire, plutôt qu’à réparer ?
Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas
Aujourd’hui il existe de nombreuses solutions pour ne pas produire de déchets. Notre porte-monnaie est une arme, nous avons le pouvoir de consommer consciemment.
Boire l’eau du robinet, faire ses courses en vrac, au marché, non ça ne coûte pas plus cher.
Faire vivre les producteurs locaux, avoir conscience de ce que l’on mange, de ce que l’on met sur sa peau, de comment on s’habille, d’où est fabriqué telle chose que l’on achète. Donner une nouvelle vie aux objets, en acheter de deuxième main, réparer, fabriquer, faire vivre des artisans, s’entourer de belles choses, de qualité.
Donner du sens à ce que l’on consomme.
Aujourd’hui, je descends ma petite poubelle une fois par mois. Mes lombrics mangent mes déchets et produisent de la bonne terre. J’ai fabriqué des sacs à vrac colorés que je suis heureuse de sortir quand je fais mes courses. Mes savons maison sont un délice, ma peau me réclame telle ou telle huile en fonction de ses besoins. Et je nettoie ma maison avec des produits sains, pour moi et pour l’environnement.
Ce n’est pas parfait, mais j’avoue que cette visite m’a donné un coup de fouet. Je vais faire mieux, sans tomber dans l’obsession, mais oui, je vais faire encore mieux.
Vivre conscient, c’est aussi s’écouter
Utiliser son bon sens. Repenser les façons de faire. Voilà ce qui est essentiel.
Un nouveau paradigme est à notre porte, à nous de le mettre en place.
Je dois avouer que cette visite m’a chamboulée. Le plastique me sortait déjà par les trous de nez, mais là, en vous écrivant cet article, j’ai retenu quelques gros mots de révolte !
Merci aux curieux qui se sont déplacés.
Merci aussi au centre de tri qui propose ces visites gratuitement. N’hésitez pas à y aller, il suffit d’appeler.
Peut-être que j’organiserai d’autres visites avec Fais-le toi-même, mais je ne sais pas si je tiendrai le coup ! Peut-être irons-nous plutôt visiter un centre de recyclage ? Une station d’épuration ?
En lançant mes ateliers il y a 3 ans, les participants n’avaient pas autant de connaissances en arrivant qu’aujourd’hui.
Cela me réjouit. On avance, on prend connaissance, on prend conscience. Merci.
Et pour aller plus loin
Je vous invite à aller voir les engagements des associations Zero Waste France et leur Défi « Rien de neuf », Zero Waste Toulouse, à lire les livres de Bea Johnson, de Julie Bernier (du blog Sortez tout vert), de la Famille (presque) zéro déchet.
Et si vous avez envie d’apprendre à fabriquer vos cosmétiques, vos produits ménagers, vos lingettes ou éponges lavables, je reste dans le coin. Venez apprendre, échanger.
Fabriquons tout ça pour nous, pour nos proches, pour la planète.
A très bientôt !
Jeanne